« Quand ta route te mène à un embranchement, prends-le. »
Yogi BerraCela sonne comme un truisme : la physique n’est pas la même chose que la philosophie.
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Chacun aussi voit bien que les essais de philosophie ne traitent pas des mêmes problèmes que les ouvrages de physique :
l’Être, le Bien et le Mal, la liberté, le bonheur, le noumène et le phénomène, Dieu et les fins dernières procèdent d’un certain type de questionnement ;
la nucléosynthèse primordiale, la matière sombre, les naines blanches ou brunes, les trous noirs, les ondes gravitationnelles, le boson de Higgs, le vide dit « quantique » et la supraconductivité relèvent d’une autre sorte.
À première vue, l’intersection entre ces deux catégories de sujets constitue même une splendide illustration de l’ensemble vide.
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À mi-chemin entre pythagorisme et instrumentalisme,
les physiciens isolent des phénomènes, les réduisent, théorisent à leur sujet, puis calculent, simulent, expérimentent, manipulent, usant de toute leur ingéniosité pour rendre finalement intelligible, perceptible ou détectable ce qui ne l’était pas initialement.
À l’inverse, les philosophes sondent une espèce d’absence qui pourrait être définitive :
à grand renfort de textes de référence, de commentaires et de débats, ils scrutent un monde impalpable d’idées polémiques, au statut précaire, toujours discutable, sans que cela discrédite leur longue quête, car celle-ci, essentielle et inépuisable, se réactive sans cesse sous l’empire de quelque Éros infatigable.
Philosophie et Physique